Le nom comme référence, la lettre comme support, un abandon du sens premier vers une abstraction assumée, le travail de Cédric Lascours est la parfaite illustration de l’avancée de la culture visuelle du graffiti. Père du wildstyle, l’artiste se laisse aujourd’hui aller à une abstraction de la lettre, une recherche du mouvement, libre, expansif, énergique. Il bâtit un univers de signes, avec des rythmes répétitifs, comme des formules magiques. Sa peinture peut sembler ésotérique, comme si une alchimie s’y déroulait faîte de courbes ouvertes et de cercles, symptomatiques de sa création. À première vue, on pourrait ne voir qu’un primitivisme simple, avec des formes et des couleurs élémentaires, mais tout est gestuel dans sa composition, il veut que de ses œuvres émanent des traces de vie.

 

De ce travail intuitif ressort l’énergie, le mouvement, la progression du geste, l’intensité d’une trajectoire, la vie enrichie d’expériences humaines et artistiques, représentant l’homme au-delà de l’artiste.

 

Sans  revendiquer aucune appartenance à un mouvement artistique, bien au contraire, c’est un appel vers le vécu et l’humain qu’il veut faire entendre, ses toiles et ses productions urbaines sont existentielles. Son alphabet symbolique raconte ses terrains de jeu dont il a conservé la mémoire. C’est donc sur ces territoires que l’artiste a construit son univers. Il les restitue dans une peinture colorée, rythmée de noir dans laquelle il scande son nom. Sa peinture est originale par ses visions, ses alphabets et ses mixités, il y a là l’esprit de l’enfance.

 

Cédric Lascours s’attache à tisser une relation entre la matière et son histoire. Il appréhende la matière brute comme glaise de sa création, en se réappropriant des objets tels des sacs de jute, des boites de conserves, des papiers anciens… l’artiste dresse ainsi un rapport organique entre la forme et le fond.